Assemblée plénière extraordinaire des évêques de France à Lyon, sur le Synode sur la synodalité, en juin 2022
À la demande du pape François, les
conférences épiscopales du monde sont invitées à réunir leurs membres
pour faire un bilan d’étape dans le processus synodal lancé en octobre
2021, qui doit se conclure en octobre 2023. En France, c’est à Lyon que
les évêques et les personnes en charge du Synode 2023 sur la synodalité
dans les diocèses se réunissent les 14 et 15 juin 2022.
Les 100 évêques de France à l’écoute de leurs 100 invités ont voté un
texte pour accompagner la collecte des synthèses synodales qui sera
envoyée à Rome.
Les deux documents à retenir :
Le tout sera envoyé au Vatican pour
alimenter une phase continentale au cours de l’année prochaine. Le
Synode 2023 se conclura au Vatican en octobre 2023 par l’Assemblée
générale du Synode des évêques.
Texte voté par les évêques le 15 juin 2022
Nous, les
évêques de France, rendons grâce pour la joie et l’élan suscités par la
phase diocésaine de l’itinéraire synodal voulu par le pape François.
Nous remercions celles et ceux qui y ont participé. Avec
l’aide des invités de nos diocèses, réunis à Lyon, nous accueillons
avec gratitude la collecte nationale qui s’en fait l’écho et nous
cherchons à discerner l’œuvre de l’Esprit Saint. Nous n’ignorons pas les
manques, les combats, les blessures qui se révèlent dans le chemin
synodal et nous sommes conscients que le processus synodal n’a pas
atteint tout le peuple de Dieu dans sa diversité, en particulier les
jeunes générations. En tout cela, nous voulons dire notre confiance en
la miséricorde de Dieu et notre espérance pour la fécondité de ce
travail.
Nous entendons les attentes fortes qui se sont exprimées. Elles nous indiquent des axes de travail prioritaires : - Mieux articuler la dimension humaine de l’Eglise, très présente dans la collecte, avec sa nature sacramentelle ;
- Se saisir de ce que la collecte nous dit de la souffrance et des attentes des femmes dans l’Eglise alors qu’elles sont nombreuses dans les instances ecclésiales ;
- Ecouter l’inquiétude exprimée pour les prêtres et les conditions d’exercice de leur ministère ;
- Comprendre l’apparent décalage entre ce qu’est le ministère des prêtres et ce qui est attendu concrètement d’eux ;
- Mieux identifier les raisons pour lesquelles la liturgie demeure un lieu de tensions récurrentes et contradictoires.
L’itinéraire synodal évoque et suscite de multiples espérances : - Qu’un grand nombre puisse faire l’expérience de l’écoute de la Parole de Dieu comme créatrice de « fraternités » dans le Christ pour un nouvel élan missionnaire ;
- Que la synodalité devienne le style ordinaire de la vie de l’Eglise ;
- Que
nos communautés apprennent à marcher au pas des plus petits et des plus
pauvres et que leur participation devienne le sceau de la fraternité ;
- Que la diversité ou la complémentarité des missions, des charismes et des dons dans l’Eglise soit plutôt source de joie que de concurrence ;
- Que soit mieux reconnue et vécue la complémentarité des états de vie : les ministres ordonnés, les personnes mariées, les veuves et les veufs, les célibataires et les consacrés.
Absences- À ce stade, nous sommes conscients de l’absence de certains sujets : l’un des trois termes centraux du synode, la mission, est peu présent. La
vocation de l’Eglise est missionnaire, tout entière tournée vers
l’annonce de la Bonne Nouvelle. Elle est l’Eglise du Christ Sauveur et
Seigneur qui nous appelle, nous unit à lui et nous envoie dans le monde.
- Nous avons à entendre d’autres appels,
moins exprimés ou rapportés, cependant urgents, où les chrétiens ont un
témoignage à donner : les grands enjeux de la société, les divers
modèles anthropologiques proposés, l’écologie intégrale, la solidarité
internationale.
- Nous avons aussi à nous demander pourquoi certaines richesses spirituelles chrétiennes sont soit ignorées soit dévalorisées,
par exemple, l’eucharistie en tant que sacrifice de Jésus, les
sacrements, la vie consacrée, le célibat des prêtres, le diaconat.
- Nous constatons également que la famille comme lieu d’apprentissage de la fraternité n’est pas évoquée.
Le beau travail de connaissance mutuelle de mouvements et d’associations de fidèles, qui ont appris à s’estimer comme disciples du Christ, nous encourage. Nous percevons un signe d’espérance dans la capacité du peuple de Dieu à entrer en dialogue constructif et sans complaisance sur des sujets difficiles. Nous avons à préciser ce que doivent être pour nos Eglises particulières les ministères de laïcs – ministères reconnus et ministères institués. Nous avons appris que l’un des défis de la synodalité est de faire se rencontrer des réalités ecclésiales qui se croisent peu. Le
dialogue entre générations, entre personnes d’états de vie différents,
entre sensibilités, ne va pas de soi, mais il est possible avec de
l’engagement, de la volonté, et du temps. Sur le chemin synodal, le peuple de Dieu se met à l’écoute de l’Esprit Saint, échange, place la Parole de Dieu au centre, et en reçoit de la joie. Il apprend à passer du seul souci de la recherche de résultats, à une expérience réellement fraternelle, féconde et joyeuse.
Les
désirs, les rêves, les regrets, les reproches que nous avons entendus
sont nourris de la volonté d’être une Eglise plus fidèle à son Seigneur
et servant mieux les femmes et les hommes auxquels elle est envoyée. Nous désirons poursuivre ce chemin de conversion communautaire et personnelle.
Une
telle expérience dissipe les peurs qui éloignent des autres et freinent
le travail d’écoute et de prise en compte des paroles et des vies. Elle
est source de joie : des chemins se sont ouverts en nos cœurs (cf. Ps
83, 6).
Source : CEF
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